Langue la plus difficile au monde : quel est le verdict ?

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Le hongrois impose 18 cas grammaticaux, là où le français n’en utilise aucun. Le mandarin se distingue par ses tons : une syllabe prononcée différemment peut changer entièrement le sens d’un mot. L’arabe, de son côté, propose un système d’écriture sans voyelles explicites dans les textes courants, rendant la lecture particulièrement ardue pour les non-initiés.La difficulté perçue d’une langue varie fortement selon la langue maternelle de l’apprenant. Certaines structures familières dans une langue deviennent de véritables casse-têtes dans une autre, alors que des systèmes jugés complexes ailleurs paraissent naturels à certains locuteurs.

Pourquoi certaines langues semblent-elles si complexes ?

La complexité d’une langue intrigue autant qu’elle trouble. L’UNESCO publie régulièrement un classement des langues difficiles, où le chinois (mandarin) s’impose comme la langue la plus difficile à apprendre. Ce constat ne tient pas qu’au nombre de mots à retenir : il s’appuie sur une mosaïque de critères, bien plus larges que le vocabulaire.

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La diversité des systèmes d’écriture bouleverse nos repères habituels. Si le mandarin s’appuie sur des sinogrammes dénués d’indication phonétique, le japonais exige de jongler avec trois alphabets : kanji, hiragana et katakana. L’arabe littéraire, quant à lui, déroute par son écriture de droite à gauche, son absence de voyelles écrites et ses sonorités gutturales peu répandues ailleurs.

Quelques exemples illustrent à quel point la grammaire et la morphologie façonnent la difficulté d’une langue :

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  • Le finnois et ses quinze déclinaisons
  • L’islandais jaloux de ses archaïsmes
  • L’allemand à la syntaxe qui place le verbe en fin de phrase
  • Ou le tsez du Caucase, capable de générer 152 formes de noms

La distance linguistique accentue ce sentiment de complexité. Pour un francophone, les langues agglutinantes telles que le hongrois ou le tuyuca, qui multiplient les suffixes et variations, semblent impossibles à apprivoiser, alors que d’autres y trouvent une logique presque familière. La proximité des structures, la culture partagée ou la présence de règles anciennes jouent aussi sur la perception de la difficulté ; chaque apprenant avance avec ses propres atouts et zones d’ombre.

Les critères qui influencent la difficulté d’apprentissage

Pour mesurer la complexité d’une langue, il faut regarder de près plusieurs paramètres. Les linguistes s’accordent à distinguer les axes suivants :

D’abord, le système d’écriture. Le chinois (mandarin) se distingue par ses sinogrammes sans aucune indication de prononciation. Le japonais combine trois systèmes, kanji, hiragana et katakana, ce qui multiplie les pièges pour l’apprenant. Le grec et l’arabe littéraire, chacun avec leur alphabet, ajoutent des contraintes spécifiques : accentuation stricte pour l’un, écriture inversée et absence de voyelles marquées pour l’autre.

La grammaire n’est pas en reste. Le finnois atteint quinze déclinaisons, tandis que l’islandais multiplie les formes selon le genre, le nombre ou le cas, avec des mots aux racines anciennes. L’allemand, lui, combine déclinaisons, trois genres grammaticaux et une syntaxe qui peut désorienter, en reléguant le verbe à la fin. D’autres exemples frappent : le hongrois compte 35 terminaisons verbales, le tsez affiche 152 formes de noms.

La prononciation et les tons compliquent aussi la tâche. Le mandarin exige l’apprentissage de quatre tons pour différencier les mots, l’arabe littéraire fait appel à des sons gutturaux inhabituels, et le danois, même pour ses voisins scandinaves, reste souvent difficile à comprendre à l’oral.

D’autres aspects entrent en ligne de compte :

  • La coexistence de dialectes,
  • Les classes nominales,
  • Les suffixes complexes,
  • Un vocabulaire foisonnant, comme les 350 classificateurs de noms en bora ou la hiérarchie des niveaux de politesse en japonais (keigo).

Chaque langue façonne à sa manière une série d’obstacles, dessinant une carte mouvante des défis à relever pour l’apprenant.

Français natif : quelles langues posent le plus de défis ?

Du point de vue d’un locuteur français, les difficultés surgissent là où les règles du jeu linguistique changent soudainement. Les idiomes germaniques, à commencer par l’allemand, exigent de cumuler les efforts : maîtrise des déclinaisons, gestion des genres, adaptation à une syntaxe où le verbe quitte sa place attendue. L’islandais, gardien d’une tradition séculaire, multiplie les formes à décliner et conserve un lexique héritier du Moyen Âge.

Les langues finno-ougriennes, comme le finnois ou le hongrois, déplacent encore les repères. En finnois, chaque nom peut se décliner jusqu’à quinze fois, l’harmonie des voyelles est intransigeante, et la grammaire agglutinante transforme la phrase en une succession de puzzles. Le hongrois va plus loin encore, avec un alphabet élargi et trente-cinq terminaisons verbales à apprivoiser.

Vers l’est, le grec étonne autant qu’il déroute : règles d’accentuation particulières, plusieurs déclinaisons et un alphabet à apprivoiser. L’arabe littéraire combine écriture inversée, sons rares et nécessité de passer par un dialecte pour parler au quotidien. Quant au japonais, il superpose les systèmes d’écriture et un registre de politesse difficile à transposer, même pour des linguistes chevronnés.

Voici un aperçu des langues qui bousculent le plus les natifs francophones :

  • Allemand : déclinaisons, genres, syntaxe
  • Finnois : déclinaisons, grammaire agglutinante
  • Islandais : archaïsmes, déclinaisons, vocabulaire unique
  • Grec : accentuation, déclinaisons, alphabet
  • Arabe littéraire : alphabet, sons gutturaux, dialectes
  • Japonais : trois systèmes d’écriture, politesse

À chaque langue ses embûches, mais plus la structure s’éloigne du français, plus le parcours s’annonce sinueux, jusque dans la manière de penser le monde.

langue complexe

Au-delà du mythe : apprendre une langue difficile, mission impossible ou aventure enrichissante ?

Se lancer dans l’apprentissage du chinois mandarin ou du japonais n’est pas l’apanage de quelques prodiges. Certes, entre les sinogrammes, les kanji et les subtilités de la politesse, les obstacles abondent. Mais la régularité et la curiosité déplacent les montagnes : ce qui semblait insurmontable finit par devenir terrain d’expérimentation. L’UNESCO place le mandarin en tête des langues ardues, citant son écriture logographique, ses multiples tons et l’absence d’indices phonétiques. Pourtant, plus d’un milliard de personnes la pratiquent chaque jour, preuve que la barrière n’est pas infranchissable.

Certains choisissent une autre voie, celle de l’islandais, du finnois ou du tsez, connus pour leur grammaire atypique et leur profusion de déclinaisons. Pour ces apprenants, l’effort est quotidien : retenir soixante-dix formes d’un mot islandais ou assimiler l’ensemble des déclinaisons finnoises demande une rigueur peu commune. Mais l’enjeu est à la hauteur de l’effort : accéder à des littératures méconnues, comprendre des sociétés singulières, s’intégrer dans des communautés rares.

La motivation naît souvent de l’envie de s’ouvrir à l’inédit. Explorer la syntaxe du hongrois, démêler les classes nominales du ndebele ou s’initier aux systèmes d’adresse en adnyamathanha révèle des façons de penser et de communiquer insoupçonnées. Les langues dites extrêmes, tuyuca, bora, oubykh, fascinent par l’inventivité de leur grammaire et la subtilité de leurs distinctions, inconnues dans la plupart des idiomes mondiaux.

La liste qui suit met en lumière quelques caractéristiques communes aux langues réputées ardues :

  • La grammaire élaborée, la multiplicité des systèmes d’écriture, ou des phonologies rares forment des seuils, jamais des frontières infranchissables.
  • La variété des langues difficiles, du javanais à l’arabe littéraire, témoigne de l’extraordinaire diversité linguistique de l’humanité.

La prochaine fois que vous croiserez un alphabet inconnu ou une phrase à la syntaxe improbable, rappelez-vous : derrière chaque défi linguistique se cache une passerelle vers l’altérité, un accès privilégié à d’autres visions du monde. Qui sait jusqu’où peut mener une première tentative de déchiffrage ?